Portrait de Kholoud, intervenante à domicile petits:pas


« Le travail d’intervenante à domicile est très beau mais aussi difficile : aller chez les familles, ça demande une certaine posture, un certain courage et beaucoup de finesse à apprendre pour pouvoir faire ça correctement, pour soi-même et pour les familles. »

Je m’appelle Kholoud El Alwi Bentafat et je suis arrivée à Genève à l’âge de 4 ans. Je suis d’origine saoudienne et égyptienne. J’ai fait toute ma scolarité à Genève jusqu’au collège, où j’ai eu un besoin d’un retour en famille, puisque je vivais toute seule à Genève avec ma maman. Je suis donc repartie au Caire au milieu de mes cousines, cousins et tantes et j’ai fait le collège là-bas. Après je suis revenue à Genève pour continuer mes études, mais j’ai eu la chance de me marier. Très jeune, à 20 ans, et ça a changé mes projets. J’ai ensuite eu 3 enfants. 

J’ai essayé de reprendre des études et refaire certaines formations, mais c’était difficile avec 3 enfants. Lorsqu’ils ont grandi, j’ai participé au conseil d’établissement des écoles de Meyrin-Village / Meyrin Monthoux. C’était un mandat bénévole de 4 ans pour représenter les parents au sein de l’école, avec 3 autres parents. C’était très intéressant et c’est quelque chose qui m’a beaucoup apporté.

photo_kholoud_quer-960-960.jpeg

Kholoud El Alwi Bentafat - Copyright : a:primo 2022

Entre-temps, mes enfants étaient plus grands et j’ai cherché à ce moment-là du travail. J’ai commencé par travailler à la ludothèque de Meyrin en tant qu’assistante administrative, puis j’ai été formée pour être ludothécaire. J’ai été la première ludothécaire salariée dans cette ludothèque et j’y travaille toujours, à un petit pourcentage. 

Début 2017, j’ai postulé pour être intervenante à domicile petits:pas, mais je n’ai pas été retenue. J’ai alors commencé un travail en tant qu’interprète avec Connexxion pour les Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), entre autres. C’est un travail que je fais toujours et que j’aime beaucoup, qui est en lien avec beaucoup de gens, surtout des personnes migrantes, qui ont vécu des choses très lourdes. J’entends de tout et ce n’est vraiment pas facile. Je dois prendre beaucoup de recul pour avancer dans ce travail et faire les choses correctement. Deux mois après avoir commencé l’interprétariat, la coordinatrice petits:pas est revenue vers moi. J’ai d’abord beaucoup hésité, parce que je ne savais pas si je pouvais vraiment assumer trois jobs si différents. Et finalement, je me suis lancée. 

J’ai donc commencé mon travail en tant qu’intervenante à domicile petits:pas en mai 2017. Au début, on était un petit bureau, plutôt isolé, et ensuite petits:pas a été intégré à l’École des Parents. C’est génial parce que maintenant on a vraiment toute une structure derrière et ça fait sentir qu’on n’est pas toute seule, qu’on est soutenue. Parce que le travail d’intervenante à domicile est très beau mais aussi difficile : aller chez les familles, ça demande une certaine posture, un certain courage et beaucoup de finesse à apprendre pour pouvoir faire ça correctement, pour soi-même et pour les familles. Personnellement, j’ai aussi dû apprendre à prendre de la distance, pour toujours rester dans mon rôle. Les séances hebdomadaires personnelles avec la coordinatrice permettent de faire un retour sur ce qu’on vit avec les familles et de poser des questions, de parler de nos doutes. C’est comme une formation en continu, il y a toujours quelque chose qu’on apprend. L’échange, le soutien et l’écoute avec les autres intervenantes à domicile aident aussi beaucoup à pouvoir comprendre et dépasser certaines situations. 

Pour certaines familles, qui sont parfois très isolées, c’est un plaisir de pouvoir accueillir quelqu’un de l’extérieur, qui va revenir chaque semaine. Pour d’autres, c’est au contraire très difficile. Il y a la crainte, la peur. Il faut qu’on puisse les mettre en confiance, leur expliquer pourquoi on est là. Il faut de la bienveillance, être là pour aider et soutenir et ne pas se montrer intrusive. Avec les familles qui ne parlent pas ou peu français, j’essaie au début de trouver des moyens de communiquer, de créer un lien et de gagner leur confiance. Et puis petit à petit le français s’installe gentiment. En tant qu’intervenante à domicile, le mot clé c’est s’adapter : s’adapter à leur situation familiale, à leur situation financière, à leur niveau de français. Aucune situation n’est semblable. Ce qui marche avec une famille ne marche pas forcément avec une autre. Il faut toujours s’enrichir, continuer à apprendre. Et avec les années, on acquière de l’expérience. 

Entre les familles des liens se créent aussi, notamment lors des rencontres de groupes qui ont lieu toutes les deux semaines. Une maman qui participait à petits:pas avait vécu des choses très difficiles. C’était un défi qu’elle sorte de la maison avec son enfant pour venir aux rencontres. Je l’ai accompagnée à chaque fois, jusqu’à ce que le lien se fasse avec une autre famille qui habitait le même quartier. Du coup, les familles faisaient ensuite à chaque fois le chemin ensemble pour venir aux rencontres. C’était magnifique. C’était une connaissance de plus pour elles, entre elles, et un soutien pour ces aller-retours jusqu’à ce que cette maman puisse prendre confiance. C’est comme si l’accompagnement passait d’un fil à l’autre. 

Dans une autre famille, j’ai au début accompagné la grande sœur, qui avait un problème de retrait, qui était très peu sociale, qui ne parlait pas. À la fin de petits:pas, elle était beaucoup plus sociale, parlait français, jouait avec les enfants au parc, me sautait dans les bras alors qu’au début il y avait une distance énorme. C’était un défi qu’elle puisse faire la rentrée scolaire, mais ça a pu être fait. C’est quelque chose de magique, qui a ensuite été continué avec son petit frère, qui a lui plutôt des comportements brusques. Il peut maintenant se concentrer sur toute une activité, faire les choses doucement et calmement, ce qui était impossible avant petits:pas. Pour moi c’est un exemple d’un changement incroyable, grâce à cet accompagnement à domicile. 

Le fait d’aller chez les gens permet de comprendre et voir les choses différemment. On voit le fonctionnement de la famille au naturel, on peut comprendre d’où proviennent certains comportements. Ça apporte un autre regard, une autre aide, sans minimiser toutes les autres structures qui sont très importantes et apportent aussi énormément à l’enfant. Le travail avec petits:pas est difficile mais satisfaisant de lui-même, parce qu’on voit les progrès. Et ça donne le courage et l’espoir de toujours recommencer. C’est un parcours et un programme que j’encourage toute personne à préserver, à mettre en place. C’est un soutien pour les familles en permettant une approche douce, familiale et rassurante.

Portrait de Janeth, intervenante à domicile « Apprendre en jouant petits:pas »


« J’adore mon travail avec « Apprendre en jouant petits:pas ». Le temps que je passe avec les familles, c’est une expérience où on partage beaucoup de choses, personnelles et professionnelles. L’offre petits:pas m’a appris énormément de choses à moi aussi. »

Je m’appelle Janeth Zoller, je suis mariée avec un Suisse et j’ai deux enfants : une fille de 19 ans et une autre de 31 ans. J’ai grandi à Quito, en Équateur et je suis en Suisse depuis 20 ans. Je suis intervenante à domicile depuis avril 2015 à Lausanne pour l’offre « Apprendre en jouant petits:pas », rattachée au dispositif de l'AVASAD.*
C’est une intervenante qui travaille pour petits:pas qui m’a parlé de ce poste. J’ai postulé, passé l’entretien et Marta Pinto, alors cheffe de projet, m’a engagée et formée. Je lui en suis encore aujourd’hui extrêmement reconnaissante. À côté de ça, j’ai aussi un autre travail dans une garderie. Avant d’être intervenante à domicile, j’étais mère au foyer. Puis j’ai fait une formation de bénévole de la Croix-Rouge pour aider des personnes âgées. Ça m’a permis de ne pas tout le temps être à la maison et de faire quelque chose pour moi. J’étais aussi monitrice de gym pour des enfants de 4 à 10 ans, ce qui me plaisait beaucoup.

photo_portrait_janeth_quer-960.jpg

Janeth Zoller - Copyright : a:primo 2022

Et avant, en Équateur, j’ai fait une année d’université pour être assistante sociale, mais après je suis tombée enceinte et j’ai dû travailler. Je travaillais dans une banque. Je suis arrivée en Suisse à travers une amie d’enfance, qui m’a amenée ici. Ma fille aînée est restée avec ma maman et m’a rejointe seulement une année après. 

J’adore mon travail avec « Apprendre en jouant petits:pas ». Le temps que je passe avec les familles, c’est une expérience où on partage beaucoup de choses, personnelles et professionnelles. L’offre petits:pas m’a appris énormément de choses à moi aussi. Je suis plus calme, j’ai appris à parler, à me mettre à la place de mes enfants. Les familles, les enfants m’ont appris ces choses-là. En étant en contact avec les familles, j’ai appris à me mettre dans leur situation, qui a été la mienne au départ. L’expérience que j’ai vécue avec ma famille, avec mes filles, je peux la transmettre à travers petits:pas. Et cela les encourage, par exemple à apprendre le français. C’est toujours un challenge de se comprendre avec des familles qui ne parlent pas français. Mais c’est ça la beauté de petits:pas : on ne les laisse pas tomber. Et c’est beau de voir la famille évoluer en 18 mois. 

Avec cette offre d’encouragement précoce par le jeu, les parents prennent du temps avec leur enfant, apprennent à mieux le connaître, jouent avec lui. Et petits:pas donne cette opportunité, parce que ça dure 18 mois. Cela nous laisse le temps d’aller au rythme de la famille. La famille devient petit à petit plus indépendante. Souvent, au début, les familles sont un peu mitigées et ont un peu peur. Mais on leur explique ce qu’on va faire, qu’on va jouer et faire des activités. Au fur et à mesure, la famille s’habitue, prend confiance en nous et commence petit à petit à parler français, à prendre des cours de français aussi. Je dirais que petits:pas, c’est une clé qui ouvre plusieurs portes aux familles. 

Le plus grand défi qu’on rencontre, c’est d’arriver à aller dehors avec les familles. Parce que les familles n’arrivent pas toujours à sortir toutes seules, surtout en hiver. Alors on anticipe, on leur dit quand il y aura des activités où il faut aller dehors. S’il pleut ou il fait froid, on s’habille bien. On pose toujours des questions pour que la famille puisse réfléchir par elle-même. Et si la famille n’a vraiment pas envie, on change l’activité et on sort la prochaine fois. On s’adapte aux familles et on répond à leurs besoins. On les encourage aussi à parler si quelque chose ne va pas. Pas forcément à nous, mais à une personne avec laquelle elles se sentent bien. Parce que les enfants ressentent tout et sentent si leurs parents ne vont pas bien. Mais on n’impose jamais rien aux familles. 

facebook_-_photo_janeth_avec_famille.jpeg

J’ai été intervenante à domicile dans une famille où la maman parlait peu français et était toujours en pyjama. Petit à petit, j’ai encouragé la maman à sortir de chez elle. Au fil du temps, la maman s’est sentie de plus en plus en confiance. Et elle m’a raconté que son mari la maltraitait moralement et qu’elle voulait se séparer. Avec la coordinatrice, on lui a donné des adresses d’institutions qui pouvaient l’aider. Et elle a eu le courage de demander de l’aide. Elle est partie de chez elle et c’est là que c’est incroyable, parce que petits:pas est resté auprès d’elle. Nous avons continué à rendre visite à la maman et à sa fille, même si elles étaient alors en institution. Maintenant, la maman a son appartement, un travail et sa fille va très bien. C’est ça, petits:pas. 

Dans notre travail d’intervenantes à domicile, on doit avoir la confiance, la persévérance. C’est comme l’histoire du colibri qui aide à éteindre l’incendie de forêt avec quelques gouttes dans son bec : avec petits:pas, je fais ma part. Le reste, c’est à la famille de le faire. Un jour, j’aimerais beaucoup pouvoir développer une offre comme « Apprendre en jouant petits:pas » en Équateur, dans mon pays natal. Pour que les familles, là-bas, puissent aussi en profiter.

Janeth Zoller, lors d’une visite au sein d’une famille de petits:pas.
Copyright : AVASAD 2022

* Dans le canton de Vaud, les intervenant·es à domicile de l'offre « Apprendre en Jouant petits:pas » sont des collaboratrices et collaborateurs engagé·es dans les régions par les Associations/Fondations du dispositif de l’AVASAD. L’AVASAD collabore avec l’association a:primo qui délivre une convention d'utilisation pour cette offre référencée scientifiquement.   

logo_avasad_portrait_seite_1-600.jpeg

Portrait d’Ana, intervenante à domicile petits:pas :


« Pour moi, c'est à chaque fois un défi d'instaurer cette confiance avec une nouvelle famille. Mais lorsque j'y arrive, c'est une joie pour moi. »

Je m'appelle Ana Camprubi et je viens du Guatemala, en Amérique centrale. Mon mari est Suisse et nous nous sommes mariés au Guatemala. Pendant quelques années, nous avons vécu dans différents endroits au Guatemala, en Allemagne et au Panama. À un moment donné, nous avons décidé de nous installer quelque part pour plus longtemps. Comme le Guatemala était un peu dangereux et peu sûr, nous avons décidé de vivre en Suisse. À l'époque, nous avions déjà deux enfants. Ma fille avait huit ans et mon fils cinq ans lorsque nous avons déménagé en Suisse allemande. Ça fait maintenant 13 ans que nous vivons en Suisse. 

Je suis intervenante à domicile petits:pas depuis presque quatre ans. Avant d’avoir l’occasion de travailler comme intervenante à domicile, j’ai été responsable des enfants pendant un an lors des rencontres de groupe de petits:pas.

photo_ana_hb-960.jpeg

Ana - Copyright : a:primo 2021

Je suis arrivée à petits:pas par l'intermédiaire d'une personne que j’ai connue au cours d'allemand et qui m'a recommandée.
L’offre petits:pas m'a aidée personnellement. C'était mon premier emploi en Suisse où je pouvais à nouveau travailler avec des enfants. Au Guatemala, j'étais enseignante à l’école enfantine et j'ai exercé mon métier pendant 10 ans. Dans le cadre de mon activité pour petits:pas, je reçois des formations, ce qui me permet de me perfectionner et de découvrir de nouvelles thématiques. Je suis très reconnaissante de cette opportunité. 

En travaillant avec petits:pas, j'ai fait la connaissance de nombreuses personnes. En Suisse, la manière de travailler est différente de ce que je connaissais au Guatemala. Pour moi, il est très intéressant et passionnant de découvrir de nouvelles cultures de près grâce aux familles. Ma langue maternelle est l'espagnol, actuellement je n'ai malheureusement aucune famille hispanophone. Mes familles parlent différentes langues : tigrinya, albanais, arabe, maniki et kurde. Ce sont donc des cultures et des langues très différentes. Les enfants ont entre 1 et 3 ans. 

Je pense que petits:pas est un soutien pour les familles, parce que je peux les accompagner pendant un an et demi sur des thèmes liés à l'éducation. Les familles ont quelqu'un pour répondre à leurs questions et une aide pour trouver des solutions à certaines situations. Certaines familles sont très seules en Suisse. Grâce à petits:pas, elles ont l'occasion de sortir et ainsi de rencontrer et de connaître d'autres familles avec des enfants. 

Au début, certains enfants ne veulent pas ou n’aiment pas jouer. En plus, ils n'ont pas encore confiance en moi. Avec le temps, ça change. Ils prennent du plaisir pendant les rencontres, s'amusent et veulent jouer avec moi. Pour moi, c'est un très beau moment. Et ça ne se produit pas seulement pendant des visites à domicile, mais aussi lors des rencontres de groupe. Peut-être qu'ils n'ont encore jamais joué avec d'autres enfants, alors c'est difficile pour eux. Avec le temps, ils apprennent à jouer avec d'autres enfants et peuvent aussi se détacher de leur mère. Les mamans me disent que les enfants ont demandé après moi toute la semaine : « Quand est-ce qu'Ana vient ? » C'est très agréable pour moi. 

La rapidité avec laquelle la confiance s'établit avec l'enfant varie. Pour certains enfants, ça se fait rapidement, lors des premières visites, et pour d'autres, il faut jusqu'à un an pour qu'ils remarquent que je viens et qu'ils peuvent me faire confiance.Avec le temps, les enfants apprennent le déroulement des rencontres : « Ana arrive, Ana regarde la feuille avec maman et je dois attendre ». Au début, ça ne marche pas. Avec le temps, le déroulement devient une routine et l'atmosphère devient plus positive.Avec les parents, c'est pareil. Certains parents sont plus ouverts et je peux établir une relation lors des premières visites. D'autres ont besoin de plus de temps. Pour moi, c'est à chaque fois un défi d'instaurer cette confiance avec une nouvelle famille. Mais lorsque j'y arrive, c'est une joie pour moi. 

Portrait de Hakima, intervenante à domicile petits:pas :


« Moi-même, en tant que jeune mère, j'aurais été très heureuse d'avoir accès à une offre comme petits:pas. »

 

Je m'appelle Hakima, j'ai 49 ans et je suis originaire du Maroc. Je suis arrivée en Suisse en 1997, à l'âge de 25 ans. Entre-temps, j'ai vécu deux ans au Liban, mon mari est originaire de Beyrouth. J'ai trois filles de 17, 15 et 9 ans. 
Je connais la coordinatrice de petits:pas, Priska, depuis longtemps. Avant petits:pas, je travaillais déjà avec elle à la garderie de la Croix-Rouge. Elle a ensuite changé d'emploi et est devenue coordinatrice petits:pas. Après la naissance de ma plus jeune fille, Priska m'a rendu visite à l'hôpital et m'a dit qu'elle aurait besoin de moi dans un an comme intervenante à domicile petits:pas. J'ai alors directement accepté. J'ai commencé à travailler comme intervenante à domicile en janvier 2015 et j'ai continué jusqu'à l'automne 2021. En raison de mon apprentissage, j'ai dû décider, le cœur lourd, d'arrêter d'être intervenante à domicile. En septembre 2021, j'ai commencé la formation d'assistante socio-éducative et je suis maintenant à la recherche d'une place de stage. Malheureusement, il est difficile de trouver quelque chose qui me convienne. 

Au début, en Suisse, j'ai travaillé sept ans dans une institution pour personnes avec un handicap. Ensuite, j'ai exercé différentes activités avec des enfants : dans une cantine scolaire, un centre familial, un service de garde d'enfants, un groupe de jeu, un camp de vacances pour enfants, pour le projet « Lis-moi une histoire » et ainsi de suite.

foto_hakima_zugeschnitten-960.jpeg

Hakima et sa fille - Copyright : a:primo 2021

Quand il s'agit d'enfants, je suis toujours partante. J'adore les enfants. Les enfants ont été le pont de mon intégration en Suisse. Déjà au Maroc, j'ai toujours souhaité pouvoir travailler un jour avec des enfants. Maintenant, je peux le faire et je suis heureuse de ma vie. 

Avec petits:pas, j'ai compris qui je suis et ce que je veux. L’offre petits:pas m'a aussi aidée à travailler fortement sur moi-même. J'ai gagné en maturité et j'ai maintenant plus de patience, je suis plus détendue et moins sévère. J'ai compris que les sujets qui étaient tabous au Maroc et dont on ne parlait pas doivent être clarifiés pour le bien des enfants. Il y a des situations où les familles ont besoin de temps pour s'adapter ici et mon rôle est alors de leur laisser ce temps et de les accompagner. Au début, j'avais des attentes trop élevées vis-à-vis des mères, mais j'ai appris, grâce aux entretiens avec Priska, que je devais changer mon comportement pour mieux répondre à la situation des familles. 

Pour les familles, petits:pas leur permet de prendre confiance. Elles profitent bien de cette offre. Les parents améliorent leur relation avec leur enfant. Ils réalisent aussi qu’il est important de jouer tranquillement avec lui et de prendre le temps de le faire. Au début, on ne sait pas comment la famille va réagir et la famille n'est pas sûre de ce qu'on attend d'elle. Avec le temps, cela change et la confiance peut s’établir. Parfois, il peut malheureusement arriver qu'une famille doive arrêter parce que c’est trop, avec les autres contraintes qu’elle a à côté. 

Les familles ne comprennent parfois l'utilité de petits:pas que plus tard, certaines fois après quelques années seulement. Elles se rendent alors compte de l'importance de jouer avec les enfants et des changements que cela peut entraîner. Les enfants le remarquent très vite et sont heureux qu'on joue avec eux. Ils se réjouissent des visites à domicile et demandent après moi entre les rencontres. Ce qui me fait plaisir, c'est quand je rencontre une famille des années après petits:pas et qu’elle est contente de me voir. Je recommanderais petits:pas à tout le monde. C'est un cadeau qui porte ses fruits pour les familles. Moi-même, en tant que jeune mère, j'aurais été très heureuse d'avoir accès à une offre comme petits:pas.